La lectio divina, expérience d'Israël et de l'Eglise
Origène en proposant la thea anagnosis à l'école des rabbins juifs, Jérôme en rythmant la lecture avec la prière, Cassien en illustrant la meditatio, Guigues le Chartreux en la montrant comme l'"'Echelle du Paradis" pour les moines, Bernard en la chantant comme le miel pour le palatum cordis, Guillaume de Saint-Thierry dans sa Lettre d'Or, et tant d'autres ont fixé les termes de la lectio divina, stimulant les croyants à la parcourir comme la voie d'or du dialogue et de l'ineffable entretien avec Dieu.
Jusqu'au XIIIème siècle, cette méthode a vraiment nourri la foi de générations entières, et François d'Assise l'a pratiquée encore avec constance. Mais ensuite, dans le bas Moyen Age, on assiste à une déformation de la lectio divina avec l'introduction de la quaestio et de la disputatio. Ce sont les siècles d'éclipse de cette prière qui ont ouvert le chemin à la devotio moderna et à la "méditation ignatienne", oraison plus introspective et psychologique. C'est seulement dans les monastères et chez les Servites de Marie que cette méthode sera conservée dans son intégrité, pour réapparaître proposée par le Concile Vatican II dans la Constitution Dei Verbum, au n. 25:
"Il est nécessaire que tous conservent un contact continuel avec les Ecritures à travers la lectio divina, à travers une méditation attentive et qu'ils se rappellent que la lecture doit être accompagnée par l'oraison".
C'est certainement l'Esprit Saint qui a voulu que cette forme d'écoute et de prière sur la Bible ne soit pas perdue à travers les siècles."
Tiré de:
ENZO BIANCHI, Prier la Parole. Une introduction à la lectio divina
Bellefontaine, 1996 (nouvelle édition).
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